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Channel: Camille – les parenthèses
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À ces instants volés au temps.

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On s’était dit qu’on partirait tôt, pour avoir le temps, pour ne pas se presser, pas trop se dépêcher. Le temps de finir les sacs, le bazar étalé par terre, moi sur le swiss ball en rebondissant, C. en train de s’affairer pour trouver les pansements waterproof (les miens, certes avec des coccinelles dessus étaient très mignons, mais je doutais un peu de leur efficacité). On a bouclé les sacs, les boîtes de provisions, on a essuyé quelques remarques à propos de la quantité de barres de céréales qu’on embarquait, on a bouclé les ceintures, ouvert le toit (trois fois, parce qu’il était un peu capricieux) et on est partis pour cette course dont je ne parlerai pas, parce que c’était affreux.

On est arrivés en début d’après-midi, on avait faim, bien sûr, alors on est partis chercher quelque chose. On savait pas trop, si ce n’est que c’était moi qui choisirait, puisque je suis la plus pénible. On a garé la voiture, on a décidé un peu au hasard à droite, ou à gauche, j’ai décidé à gauche, sans vraiment savoir, et on est entrés quand on a vu une petite porte bleue turquoise, presque mint, c’était écrit qu’il y avait des légumes du jardin.

C’était un bric-à-brac comme on en voit que dans ces villes qui vivent du tourisme saisonnier, il y a de quoi manger, il y a de quoi acheter des meubles, il y avait des bijoux, il y avait quelques viennoiseries et du pain à emporter. La propriétaire nous a dit qu’elle faisait un peu comme on voulait, on pouvait même repartir avec un repas surgelé, si on voulait, mais on en avait pas besoin, on avait des pâtes et des tomates pour le dîner. Il y avait des boîtes de toutes les couleurs au mur, avec des petits berlingots de chocolats dedans, pour faire des fondues (mais on s’est dit qu’on pouvait très bien les grignoter comme ça sans pour autant causer un drame national), les suspensions lumineuses étaient fabriquées dans des boîtes en carton colorées. Les tables étaient recouvertes de toiles cirées pas vraiment jolies, mais qui rappelaient assez les cuisines de notre enfance pour que ce soit agréable, et les chaises étaient recouvertes de galettes de tissu fleuri.

Avec nos salades et leurs grilled-cheese, on en a profité pour rien, pour discuter, pour se taire aussi, comme on ne peut le faire qu’avec certaines personnes. Il y avait des framboises grosses comme ça dans mon assiette, elles goûtaient le temps qu’elles avaient passé à mûrir, elles goûtaient le temps qu’on prend pour les laisser tranquilles. Il y avait aussi du pamplemousse, dans ma salade et les tranches de pains étaient épaisses et moelleuses et grillées, comme il fallait.

Il y avait dans un coin sur une table, des légumes, les légumes du jardin, si jamais on avait voulu faire une ratatouille après. À côté des boîtes de chocolats, il y avait une vielle chaîne hi-fi et une tour de CD, comme il y avait dans nos chambres d’ados (ceux qui sont nés après 1995 sont priés de ne pas la ramener, mais perso, je rêvais de la tour de CD qu’avait mon grand frère), vous pouvez changer la musique si vous n’aimez pas ce qui passe, c’est fait pour, elle nous avait dit. Quelques minutes plus tard, son amie qui s’affairait dans le coin a décidé que sa musique ne lui plaisait pas, et on a assisté a une petite querelle amicale, qui donnait simplement envie de poser sa valise quelques temps, pour débattre de la musique avec elles, et manger des chocolats à fondue sans en faire des fondues.

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On a terminé nos assiettes, il y a eu un oui lâché sans même réfléchir à la question du dessert, E. avait repéré les gaufres aux framboises, et nous, on a fait un petit tour à la table des pâtisseries, avant d’opter pour une tarte aux bleuets et une part de gâteau à la vanille. Ils étaient servis avec des fruits frais sur des assiettes dépareillées et les desserts, vous savez quoi, les desserts, ils avaient le goût de cette étonnante simplicité d’être en train de manger avec des amis, un samedi midi, quand on prend conscience que finalement, on aurait pas besoin de plus que ça. Des simples instants volés au temps qui passe toujours trop vite.

On a terminé nos desserts, E. est allé acheter des framboises du jardin, celles qui étaient si bonnes et presque violettes, elles avaient dû voir le soleil longtemps, et on a décidé de conserver encore un tout petit peu cet instant. On a pris la voiture, on s’est garés près du lac, et, à califourchon sur la petite rambarde, les pieds dans l’eau, on a mangé des framboises en regardant les bateaux et en décidant de quel ponton on achèterait, quand on serait grands et qu’on aurait décidé que ces instants volés au temps, ce seraient ceux de tout le temps.

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